Je me nomme Zofya Fedova, je suis né(e) le 16 octobre à Saint-Petersbourg. Je préfère mon business les hommes et les femmes et actuellement, je suis célibataire . Je travaille comme propriétaire d’une boutique dans le centre de Moscou , fréquentée par une clientèle disons…hétéroclite. Le petit magasin d’antiquité s’est transformé en centre du prêt sur gage. Mon personnage est représenté par Tatiana Maslany et je désire faire partie du groupe I’m not good with the law.

C’était une enfant sans désir, sans ambition. Elle ne pensait pas à l’avenir, ce qu’elle aimerait devenir, trop paralysée qu’elle était par le présent. Elle n’aspirait à rien, n’espérait rien d’autre que de rester en vie. Zofya n’avait pas de rêve, et à peine le temps d’en faire. Insomniaque, elle dormait cinq à six heures par nuit, gisant dans un calme tout relatif et flinguant au passage son système nerveux. Deux choses l’effrayaient : Ne pas se réveiller, et se réveiller pour se rendre compte qu’elle avait encore souillé son lit. A treize ans, Zofya pissait toujours dans ses draps.
C’était une époque trouble et n’importe quel psy aurait pu prédire que cette gamine aux yeux mornes souffrait d’angoisse chronique. Elle était affectée par diverses névroses qui, si on ne faisait rien, l’empêcheraient de devenir un être émotionnellement stable et la transformerait en l’adulte bâclée qu’elle est aujourd’hui. N'importe qui aurait pu prévoir ça; Même ses parents auraient dû s'en douter. Mais ces derniers malheureusement, avaient bien d'autres chats à fouetter.
Fedova, ce n’est pas son vrai patronyme. Pas celui qu’elle a reçu à la naissance du moins. Fedova, c’est le nom de son deuxième mari, celui qu’elle s’est empressée de prendre  à peine avaient-ils dit « oui » et dont elle ne s’est plus jamais départie. Trois ans pourtant que c’est fini.
Son nom de jeune fille par contre, elle ne le prononce jamais. Elle l’a enfoui au fond d’elle-même, enterré au fond de son esprit, au milieu de tous les souvenirs d’une époque qu’elle ne pourra jamais oublier. Son père pourtant, lui disait d’en être fière de ce blason qu’il lui avait donné. De ne pas en avoir honte, et de marcher la tête haute. Plus jeune, elle souhaitait simplement être la plus discrète, la plus insignifiante possible; elle n'avait jamais demandé à être sa fille. De ses jeunes années, elle ne se souvient de peu de choses en dehors des animaux égorgés, des murs tagués d’insanités et de la voiture piégée.

Zofya n’a jamais su comment son patriarche était mort, ni même qui s’était chargé de lui. 5 ans qu’elle ne l’avait revu quand c’est arrivé. Dans un pays où il était devenu l’ennemi publique numéro 1, c’était presque un miracle qu’il est tenu aussi longtemps. Des années avant son meurtre, sa mère les avait réveillé sa sœur et elle en pleine nuit : Leurs sacs étaient prêts, bourrés à craquer du strict-minimum et leurs passeports en règle. Elle n’avait rien dit à son mari, rien dit à personne, préparant son plan dans le plus grand secret, et hésitant des mois à le mettre à exécution. La décision s’était imposée à elle comme l’impact de balle qu’arborait désormais le mur de son salon. Le soir même, ses filles et elle gagnaient clandestinement les Etats-Unis d’Amérique, à la recherche d’une vie meilleure.

Elle, ancienne  pharmacienne n’y avait trouvé qu’un métier de femme de ménage et un appartement insalubre. « Mieux que rien » répétait-elle aux gamines, l’amiante les tuerait probablement moins vite qu’un tueur à gage.De  temps à autre, elles recevaient de petits mots comme seuls ceux qu’elles avaient fui en Russie avait le secret. Rien d’alarmant, juste assez pour les prévenir qu’ils savaient où elles se trouvaient. Dans leur 28m² en ruine, elles n’étaient pas en sécurité. Elles ne le seraient jamais. Mais à trois, elle reconstruisait le semblant de vie dont elles avaient été privées jusque-là.
Zofya ne rentra en Russie que l’année de ses dix-huit ans, pour contempler en silence le cercueil de cet homme qui fut son père, et commémorer « son courage héroïque ». Jamais, auparavant, elle n’avait été aussi sereine. Toutes ces années à angoisser, toutes ces années à trembler dès que le téléphone sonnait. Ca y était, c’était fini. Enfin. Il partait et emportait toute cette peur avec lui.

Il ne lui manque pas. Cet être grisonnant, à l’air strict et au regard inquiet. Elle ne cherche pas sa présence, ne souffre pas outre-mesure de son absence. Néanmoins, il n’est un jour sans qu’elle ne pense à lui.
Parfois, elle se demande ce que sa vie aurait pu être, ce que leur vie à tous, aurait pu être si il avait choisi d’être comptable, professeur, avocat…Probablement serait-il toujours en vie, probablement seraient-elles heureuses, sa mère, sa sœur et elle à ses côtés. Mais le bonheur, sa famille avait cessé de le connaitre au moment même où son père était devenu « célèbre », étendard de la liberté, rempart contre la corruption. Son père n’était pas flic, juste journaliste politique ; « Fouille-merde » comme on dit.

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